prenons un mètre
un fil tout droit, métallique
bien marqué, régulier, réel
un mètre
mesure de surface
mesure de longueur
j'ouvre mes mains et
je l'ai, ce mètre de long
pas de densité, car
il n'est pas carré comme
l'espace où je me trouve
il n'est pas intérieur comme
l'espace où je me retrouve
les mètres y sont mystérieusement
confondus avec les heures
il fait un mètre, cet espace
que mes mains couvrent, écartées
l'une de l'autre et le fil métallique et dur
au milieu
ce mètre, pourtant
est bien puissant, bien malin
car il dit très exactement
le début de ton absence
le début d'une route trop longue
pour mes jambes et mon souffle
non, ce mètre n'est pas l'infini
il commence: la marque est là!
et il finit: la marque est là!
ce mètre, je le mesure avec mes mains
je connais même chaque centimètre
entre les deux bouts que je parcours
presque tendrement, comme une partition
qui me pousse gentiment à chanter
ce mètre est exactement comme les autres
comme tous les autres que je n'ose pas compter
de peur de me perdre et de ne plus jamais te retrouver
ce mètre restera ainsi un mètre
sur la route de l'infini
je laisse tomber le fil
et le métal résonne
dans la pièce
(tu es là)